Dermatose : les mesures du gouvernement n’apaisent pas la colère
Pour lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), le Premier ministre et la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, mardi 16 décembre 2025, ont assuré miser sur une accélération de la vaccination dans le Sud-Ouest et déploient un fonds de soutien de 10 millions d’euros. Au lendemain de cette déclaration, les syndicats réagissent.
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Mardi 16 décembre 2025, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a voulu prendre la main pour lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). En une journée, il a organisé « deux réunions de crises exceptionnelles ». Autour de la table, plusieurs membres du gouvernement et des préfets des différents départements touchés par la maladie étaient réunis.
À l’issue des échanges, en réponse aux demandes d’assouplissement sur le dépeuplement total des foyers détectés, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a déclaré vouloir « accélérer » la campagne de vaccination et « renforcer les mesures pour la rendre plus rapidement efficace » pour protéger l’élevage français. Un fonds à hauteur de 10 millions d’euros pour assurer l’avenir des « petits élevages » va être mis en place. « On sortira de cette crise », a-t-elle affirmé. Cette prise de parole n’a en rien apaisé la colère des agriculteurs.
« Oui à la vaccination, mais stop à l’abattage total »
Partout en France, la Coordination rurale a poursuivi ses actions, bloquant des routes. L’organisation syndicale entend bien mobiliser un maximum de manifestants. Elle rappelle qu’il est « urgent de changer de méthode, d’écouter les éleveurs et de remettre de l’humanité dans les décisions ».
🔴 #DNC – CHRISTIAN CONVERS SUR @BFMTV : “ON JOUE AVEC DES VIES” Invité sur BFM TV, Christian Convers, ancien secrétaire général de la Coordination Rurale, a alerté sur les conséquences humaines dramatiques de la gestion actuelle de la dermatose nodulaire contagieuse. Il a… pic.twitter.com/70LW6qyGC1
— Coordination Rurale (@coordinationrur) December 17, 2025
La position de la Coordination rurale est claire : « Oui à la vaccination, mais stop à l’abattage total. Ce n’est plus acceptable pour les agriculteurs ». Interrogé au micro de BFMTV, François Turpeau, président de la Coordination rurale de la Vienne, demande au gouvernement de mettre en place un autre protocole sanitaire.
De son côté, la Confédération paysanne reste aussi déterminée à obtenir la fin de l’abattage total. « Attendue sur l’abattage, la ministre de l’Agriculture n’a même pas prononcé le mot, alors que sur le terrain les mobilisations demandent l’arrêt de l’abattage total, relève le troisième syndicat agricole de France dans un communiqué publié mardi 16 décembre. Annie Genevard n’annonce rien de réellement nouveau alors que la mobilisation s’amplifie. »
« La zone de vaccination est élargie mais reste une maigre une avancée »
En déclarant « accélérer » la vaccination, le gouvernement appelle vétérinaires actifs, étudiants ou retraités à redoubler d’efforts. « Je vous annonce que je vais mobiliser l’ensemble des vétérinaires de nos armées », a ajouté Sébastien Lecornu, mardi 16 décembre dans l’après-midi.
Face à la progression de la DNC, l’État a décidé d’étendre la vaccination obligatoire à de nouveaux départements comme le Tarn ou l’Hérault. Concrètement, l’objectif de la vaccination totale est visé « dans les semaines à venir ». « Par exemple, en Ariège, les 1 000 exploitations seront intégralement vaccinées au 31 décembre de cette année », indique Annie Genevard. Selon la Confédération paysanne, « la zone de vaccination est certes élargie mais reste une maigre une avancée ».
Une cellule de dialogue scientifique a été également présentée. Prochainement, celle-ci devrait être mise en place dans le Sud-Ouest. Elle sera composée de cinq représentants du monde de l’élevage tels que les chambres d’agriculture, le groupement de défense sanitaire ou encore des experts en santé animale.
Face à cette annonce, la Confédération paysanne se dit « attentive » et demande que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) soit intégrée. Toujours en colère, le syndicat appelle à « amplifier et durcir les mobilisations ainsi qu’à continuer les blocages pour empêcher les abattages ».
« La DNC n’a fait que raviver la colère des agriculteurs »
« Cette colère n’est pas une surprise, a affirmé Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, mercredi 17 décembre sur l’antenne de France Inter. Elle s’est déjà exprimée, il y a deux ans au mois de janvier. Tous les indicateurs étaient au rouge et il y avait besoin d’une réaction vive et d’une ligne à donner. La DNC n’a fait que raviver cette colère. »
« Ce qui se passe en ce moment n’est pas une surprise, malheureusement.
— La FNSEA (@FNSEA) December 17, 2025
Depuis le mois de juin, la FNSEA est aux côtés des éleveurs dans les Savoies, puis dans le reste de la France, pour faire en sorte que nous surmontions ce drame. » —@rousseautrocy, Président de la FNSEA,… pic.twitter.com/S0TNBvoeUn
L’objectif de la FNSEA est double : « Faire en sorte qu’il y ait moins de vaches qui contractent la maladie et que les prix ne s’effondrent pas. » Le syndicat majoritaire français s’accorde avec le gouvernement concernant l’accélération de la vaccination. « Aujourd’hui, on a besoin d’augmenter la vaccination. L’enjeu est de gagner la bataille sanitaire », souligne Luc Smesseart, vice-président de la FNSEA.
Selon Jeunes Agriculteurs, pour lutter contre la DNC, il faudrait « réviser la réglementation européenne et durcir les contrôles ». Dans un communiqué, le syndicat agricole réagit aux annonces de Sébastien Lecornu et d’Annie Genevard en exigeant une « révision immédiate des règles pour permettre la libre commercialisation des bovins vaccinés ».
En raison de la réglementation européenne interdisant l’exportation des animaux vaccinés sur une période de 8 (pour les zones vaccinales) à 14 mois (pour les zones réglementées), l’organisation syndicale craint qu’une « vaccination massive précipitée ait des conséquences économiques extrêmement lourdes pour les fermes ».
Autoroutes bloquées, lignes SNCF perturbées, pour l’heure, la colère des agriculteurs ne semble pas s’essouffler. Les mobilisations se poursuivent partout en France.
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